Un joyeux départ…

Un joyeux départ…

Ce dimanche 7 juillet, les Pères Allynste et Olivier disaient au revoir aux paroissiens. Débutée par une très belle messe d’action de grâce, non sans émotion pour certains, la matinée s’est poursuivie par un pot de l’amitié puis un pique-nique-kermesse dans les jardins du presbytère. Ambiance familiale, joyeuse pour tous avec l’aide précieuse des membres de l’association Saint Martin. Les jeunes lycéens ont fait griller 150 saucisses pour alimenter tout ce monde dans la spécialité locale : la célèbre galette-saucisse que l’on aime ! Le père Olivier a remercié de leur présence, outre les nombreux paroissiens, le Pasteur Gil, protestant évangélique et Mohamed, membre de la communauté musulmane de Bruz.

Homélie 14é dimanche du Temps Ordinaire, prononcée par le Père Olivier. (7 juillet 2024 à Bruz)

Frères et Sœurs,

Je veux vous raconter une histoire… Lorsque j’étais jeune prêtre, et alors que je goûtais à la joie d’être enfin pleinement à la mission après une douzaine d’année d’études en fac puis au séminaire… Mon évêque de l’époque (Mgr Saint Macary) m’a donné une première leçon d’obéissance et m’envoyant étudier (encore !) à Paris pendant deux ans. Étant prêtre, je rendais quelques services dans la paroisse parisienne qui m’hébergeait : ND des Champs sur le Bd du Montparnasse (l’église la plus proche de la gare Montparnasse !). Au bout de quelques mois, j’ai appris à reconnaitre quelques visages familiers des messes dominicales et même de semaine. Parmi eux, une très vielle dame. Elle arrivait tous les jours à l’église pour la messe, tenant on ne sait pas très bien comment, toute voutée, appuyée sur une canne. Toute fine et menue. Si fragile que j’eusse peur à chaque fois qu’elle repartait chez elle qu’elle n’y arriva pas, bousculée par un passant au rythme parisien ou une voiture. Mais elle était là. Discrète et fidèle. Un jour, à la fin de la messe, elle est venue me voir. Elle me dit gentiment : « vous savez que vous nous privez d’entendre une phrase essentielle de l’Eucharistie. » Je réponds que non… je ne vois pas ce qu’elle veut dire. Je lui demande de développer. Et elle m’explique que pour elle la plus belle phrase de la messe, c’est au moment de l’immixtion (où je mélange l’eau au vin) et je dis (tout bas il est vrai) : « comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. » Et elle me révèle ainsi la puissance et la force théologique de cette phrase et de ce geste qu’on pourrait croire annexe. Je l’ai remercié et lui ai dit que j’y ferais attention dorénavant. C’était il y a presque 25 ans. Et je m’en souviens tous les jours à la messe.

De cette belle histoire vécue, je voudrais tirer quelques enseignements.

Le premier est simple : méfions-nous de notre regard. Cette femme si discrète, j’ai appris ensuite de mon curé qu’elle était une très grande théologienne, traductrice de nombreux textes des pères de l’Église, de chrétiens des premiers siècles dans la prestigieuse collection Sources Chrétiennes. Cette question est celle de l’Évangile de ce dimanche. Mais qui est ce Jésus : n’est pas le Fils du Charpentier ? La foi est une question de regard. « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » Mc 10, 21.

Le second enseignement, il est pour moi, prêtre… De cette femme, de cette rencontre presque furtive à la fin d’une messe, j’ai beaucoup appris. Comme j’ai appris à vraiment prier dans une communauté de personnes porteuses de handicaps. Ici avec mes amis de l’Olivier par exemple. Ce qui forme un prêtre afin qu’il devienne un pasteur, un passeur m’a joliment écrit un paroissien, au-delà des années d’études au Séminaire ou ailleurs, c’est vous. Ce sont toutes ces rencontres où vous m’avez parlé avec votre cœur, avec sincérité et révéler ainsi un visage du Christ nouveau, différent que personne d’autre n’avait encore révélé. Ainsi soyez vous-même. Votre baptême, votre confirmation font de vous des enfants bien aimés du Père, des témoins crédibles du Christ.

Dernier enseignement. Cette femme était pétrie des paroles des Pères de l’Église et particulièrement des pères grecs, le poumon oriental de l’Église, comme aimait l’appeler Saint Jean Paul II, très inspirés par la place de l’Esprit Saint. Sans lui, je ne pourrai rien faire. Dans les textes de ce dimanche, je suis frappé par l’insistance sur la dureté du peuple à accueillir l’Évangile du Christ. « Les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné ; c’est à eux que je t’envoie. » écrit Ézéchiel. Ne sommes-nous pas dans le même monde aujourd’hui ? Une société où les paroles perdent de leur sens, emportées par la vague des buzz et des likes des réseaux sociaux. Pourtant, frères et sœurs, c’est à ce monde que nous sommes envoyés. Pas à celui de nos grands-parents. Ni hier, ni avant-hier qui n’avait sans doute qu’une illusion de meilleur. Comment le faire ? En croyant à la force de l’Esprit, de la grâce, écrit Saint Paul. « « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Oui, nous sommes faibles. Je suis faible. Notre Église est faible. Mais c’est alors que nous sommes forts ! Car alors ce n’est plus sur nos propres forces que nous pouvons compter : elles sont de toutes façons limitées ! Mais nous devons alors compter sur Dieu, sur Dieu seul. « Crois en Dieu, comme si tout le cours des choses dépendait de toi, en rien de Dieu. Cependant mets tout en œuvre en elles, comme si rien ne devait être fait par toi,
et tout par Dieu seul. » Cette maxime d’un jésuite hongrois du XVIIè siècle me parait si juste. C’est dans la synagogue de Nazareth que Jésus a entendu cette phrase : « L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. »

Oui, frères et sœurs, n’en doutons pas… L’Esprit du Seigneur est sur nous. Il nous envoie de par le monde, ce monde, pour annoncer que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père.

  « C’est pourquoi j’accepte de grand cœur pour le Christ

 les faiblesses, les insultes, les contraintes,

les persécutions et les situations angoissantes.

Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. »

Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi

Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi.

Viens, Esprit de Feu, viens, Esprit d’amour,

Viens, Esprit de Dieu, viens, nous t’attendons.

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