29 mars 2024

Prêtre, à la suite du Seigneur.

Prêtre, à la suite du Seigneur.

Homélie Jeudi Saint 2024

 

Frères et Sœurs,

Ce jeudi Saint est le jour où nous célébrons l’institution de l’Eucharistie, autrement dit, ce dernier repas de Jésus avec ses disciples, la Cène, qui a inspiré tant d’artistes.

Obéissant au « Faites ceci en mémoire de moi », depuis 2000 ans, nous célébrons la messe. Pas simplement en mimant ce que Jésus a fait et en redisant ces paroles. Mais en renouvelant réellement sa présence parmi nous. Comme le disait si simplement le Saint Curé d’Ars montrant le tabernacle « il est là » comme je pourrais montrer l’autel dans quelques instants : il est là ! Car ce soir encore, nous devons nous redire ensemble que c’est bien Lui, le Christ, qui est au centre de notre vie chrétienne. C’est Lui qui vient dans sa parole et son eucharistie nous nourrir. C’est Lui qui se donne à nous en nous livrant sa vie. Je le dis afin que nous ne nous trompions pas de cible. Celui qui doit être au cœur de notre foi, ce n’est ni le Pape, ni Mgr d’Ornellas, ni le Père Olivier… Mais le Christ. Nous ne venons pas à la messe pour le Père Untel ou le Père Machin… Non ! Nous y venons pour le Christ, comme à un rendez-vous d’amour qu’Il nous donne.

Ne soyons pas naïfs cependant. Le fait que les ministres soient des prêtres peut être soit un tremplin… soit un repoussoir. Le Père Guy Gilbert avait cette belle image de dire que le prêtre ressemblait à un vitrail. Il laisse la lumière le traverser. Il n’en est pas la source. La lumière est Dieu. Mais il la laisse passer plus ou moins bien, plus ou moins fort. Le même prêtre pouvant à la fois sembler transparent pour tel ou tel et opaque pour tel autre.

En fonction de cela, cette journée du Jeudi Saint est aussi traditionnellement la fête des prêtres. C’est pourquoi, je voudrais évoquer devant vous quelques réflexions à ce sujet. Sans faire une grande réflexion théologique. Mais en rappelant quelques évidences qui sont parfois oubliées et redise le sens de notre mission au milieu de vous.

  • Le prêtre est prêtre du Christ. Avant d’être homme d’Église qu’il est aussi bien sûr. Homme de prière, de lecture et méditation de l’Écriture Sainte…Demandez à vos prêtres de prier… Nous ne faisons pas que ça bien sûr sinon nous serions moines. Mais nous portons le même combat que beaucoup d’entre vous pour avoir quotidiennement le temps de la prière. Il faut nous nourrir spirituellement pour vous nourrir ! Une semaine de retraite par an est par exemple un impératif prévu dans le droit de l’Église. Et croyez bien qu’à ce moment-là, nous ne vous quittons pas. Mais au contraire nous sommes intimement liés à vous par la prière.
  • Car le prêtre diocésain est marié. Il est marié à un peuple. Celui de son diocèse, pour nous l’Ille et Vilaine. Et plus particulièrement pour moi, celui des huit communes qui composent nos deux paroisses. Il est le prêtre de tous : vous qui êtes là ce soir et pour beaucoup tous les dimanches. Mais aussi ceux qui ne mettent jamais les pieds à l’église.
  • Le prêtre est un pasteur, il doit se faire tout à tous ! Il ne choisit pas ses paroissiens et il les aime tels qu’ils sont ! Dans toute leur diversité. En essayant de travailler inlassablement à l’unité autour de la figure centrale : le Christ. Que « jeunes et vieux se réjouissent ensemble » comme il nous arrive de chanter. Une de mes plus grandes souffrances, ce sont les divisions. Et une de mes plus grandes joies, c’est une belle assemblée unie comme ce soir dans la diversité qui est la sienne. Le pasteur comme le Christ a aussi la mission d’aller vers la brebis égarée, de quitter parfois le troupeau, de « sortir aux périphéries » comme le dit le Pape François. D’aller vers ses 40 000 paroissiens que je ne verrais pas si je ne vais pas là où ils sont.
  • Le prêtre est un homme, un humain. Joyeux ou triste, endurant ou fatigué, simple ou snob, exubérant ou timide… En tout cas humain avec son histoire, ses qualités et ses défauts. Ne cherchez pas trop, vous les trouverez vite. Un homme avec ses compétences… et ses incompétences. Ne me demandez pas de remplir un coffre de voiture : je ne sais pas faire ! Le prêtre est donc aussi un fils, un frère, un cousin, un oncle, un parrain, un ami. Ce qui peut à juste titre le mobiliser aussi. Il est d’ailleurs aussi un citoyen à part entière avec des opinions qui doivent cependant rester les siennes mais s’exprimer dans le secret de l’urne.
  • Être prêtre est une belle et grande vocation. Elle me rend heureux depuis bientôt 28 ans. Il est bon de redire que Dieu appelle encore. Ici ce soir nous avons la chance d’avoir parmi nous Matthieu et Erwan qui en sont les témoins… Et peut être certains qui portent en leur cœur le désir d’une vocation consacrée.
  • Et si ce soir, j’ai beaucoup parlé des prêtres, ma ferme conviction est que la beauté de l’Église : c’est la symphonie des vocations. Chacun a une place et chacun à sa place. Toute sa place. Et particulièrement vous les baptisés laïcs. Avec les religieuses, les laïques consacrés, les diacres. Sur cette place des laïcs, des choses ont bien avancées. Mais il y a encore du pain sur la planche pour que nous portions vraiment ensemble la mission d’annoncer la Bonne Nouvelle du Christ vivant !

 

Assez parlé. Place maintenant au langage du geste… Celui de Jésus qui a lavé les pieds de ses apôtres. Comme Lui, je vais me mettre au pied de quelques-uns d’entre vous qui en représentent tant d’autres : enfants, jeunes, adultes engagés dans notre paroisse. Car le prêtre est aussi et peut être avant tout un serviteur… de Dieu, de l’Église et du monde.

« Si donc moi, le Seigneur et le Maître,
je vous ai lavé les pieds,
vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C’est un exemple que je vous ai donné
afin que vous fassiez, vous aussi,
comme j’ai fait pour vous. »

Amen.

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