Homélie de Noël 2021 – Père Olivier
Frères et Sœurs,
Que se passe-t-il ce 25 décembre ? Réponse : on fête Noël… C’est une réponse très catho ! Pas seulement. Je vous invite à lever les yeux vers le ciel. Car ce samedi 25 décembre va avoir lieu un évènement scientifique extraordinaire. Dans une fusée Ariane 5, au décollage de Kourou en Guyane va partir un engin spatial d’une valeur de quelques 10 milliards de dollars (en euros : ça fait moins, je vous rassure !). Il aura fallu plus de 30 ans de recherches et de travail de centaines de chercheurs et d’ingénieurs à travers le monde pour développer ce télescope spatial qui réponds au doux nom de « James-Webb ».
Et là, ami du célèbre journaliste Michel Chevalet, vous me demandez : comment ça marche ? Et je réponds : c’est pas compliqué ! James Webb commencera à se déployer 27’ après le décollage, étant alors en orbite à quelques 1,5 millions de kms au-dessus de nos têtes.
En fait, vous vous souvenez peut-être de son petit frère ainé : Hubble. Petit car Webb est presque 3 x plus grand qu’Hubble avec un miroir de 6,5 mètres de diamètre composé de 18 hexagones de beryllium (un métal léger) recouverts d’une fine pellicule d’or.
Webb va défier le temps et l’espace. Le temps d’abord puisqu’il va permettre de remonter jusqu’à 250 millions d’années après le Big Bang (vieux de 13,8 millions d’années). Ainsi nous allons connaître un peu mieux notre très très très ancienne histoire. En particulier la perte de diversité des galaxies et la formation des trous noirs.
James Webb va défier aussi l’espace car il va nous aider à mieux connaitre les exoplanètes : ces planètes qui sont en dehors du système solaire. Peut-être va-t-on savoir grâce à lui s’il y a une vie ailleurs que sur la Terre ? Je ne suis pas du tout scientifique mais je trouve cela passionnant. Nous sommes à notre époque capables de ces prouesses aussi extraordinaires qui nécessitent tant d’intelligence et de savoirs faire…
Alors un fois dans le ciel, James Webb va-t-il aussi trouver Dieu ? Pourrait-il nous rapporter enfin une preuve de l’existence de Dieu ?
Je crois que vous avez tous la réponse à cette question ! Aussi fort soit-il, c’est non ! Car ce soir ce que nous fêtons et rappelons, c’est justement le signe que notre Dieu est descendu sur terre et s’est fait homme. Dans ce petit bébé né il y a près de 2000 ans à Bethléem d’une femme appelée Marie, Dieu vient habiter la terre des hommes.
Il y aura bien une étoile dans le ciel qui va attirer les bergers… qui va guider les scientifiques de l’époque qu’on appelle rois-mages… Mais Dieu ne reste pas dans le ciel, il est venu sur terre. Parce qu’Il nous aime et veut nous le montrer. Noël, ce n’est pas la preuve que Dieu existe. Mais c’est la preuve de son amour infini pour nous. Il nous aime tellement qu’il nous a donné son Fils. Peut-être est-ce le premier message qu’il faut retenir. En regardant la crèche, en regardant Jésus dans la crèche : écoutez Dieu vous dire dans le secret de votre cœur : « je t’aime comme tu n’as jamais été aimé. Et Jésus mon Fils est venu sur terre pour te le dire. ».
Le second message se trouve dans la simplicité, l’humilité de cette naissance. Ici pas de déploiement scientifique astronomique… Un âne, une étable, de la paille, un jeune couple. Il est d’ailleurs beau de penser que c’est Saint François d’Assise, l’amoureux de Dame Pauvreté,
le chantre de la simplicité qui le premier, au Moyen-Âge, a mis en scène la crèche et l’a popularisée.
Dieu se fait humble. Dieu se fait petit enfant ce soir. La lumière qui brille dans la nuit de Béthleem n’est pas celle de nos centres commerciaux. Elle n’est pas celle des spotlights médiatiques. C’est une maigre et fragile lumière d’une petite lanterne dans la nuit. Comme celle que nous avons accueillie dimanche dernier dans nos églises, la lumière de la Paix, apportée par les Scouts et Guides de France. Elle venait de Bethléem justement. Elle était fragile. Certaines se sont éteintes si on n’y faisait pas attention. Jésus vient allumer un feu dans ce monde, vient réchauffer les cœurs affaiblis, apeurés, endurcis. Mais il le fait à sa manière, simplement, humblement, discrètement presque. Si en rentrant chez vous, vous mettez le petit Jésus dans la crèche, vous pourrez le tenir dans vos mains. C’est dire comme il est vulnérable. Puis vous le déposerez dans la mangeoire… Et vous poursuivrez votre soirée. Peut-être à table ou dans le partage des cadeaux. En tout cas, dans la joie. Cette joie que nous essayons de retrouver et de garder en ces temps troublés. Mais Jésus est tellement petit, discret… qu’on peut l’oublier, qu’on va le ranger dans quelques semaines dans un placard pour les onze prochains mois, bien protégé au fond d’une boite à chaussures.
Chers amis,
La lumière, la joie de Noël… La lumière, la joie de fêter la naissance de Jésus le Christ, nul ne pourra vous la ravir. Mais elle est entre vos mains. A chaque instant de nos vies, Dieu se fait petit enfant et nous dit : « je suis là, avec toi et jusqu’à la fin du monde ! ». « Ta vie peut être lumineuse. Ta vie peut être joie, si tu me gardes prêt de toi. » Je pense à Georges que sa famille m’avait demandé d’aller visiter à l’hôpital. Georges était en soin intensif. C’est très impressionnant avec des bips, des tubes, des appareils partout…Ses heures étaient comptées et il le savait… Il n’a pu me dire que cette simple phrase mais je l’ai retenue : « heureusement que j’ai Jésus » !
Ce soir, Jésus vient pour nous tous. Quand il est né, il n’y avait pas de place pour lui dans les auberges. Oserons-nous lui faire une place ? Dans notre vie. Le prier, le rencontrer à la messe, en témoigner autour de nous.
Au début de cette homélie, je vous ai invité à lever les yeux vers le Ciel…avec les prouesses technologiques des hommes et l’infini grand. Maintenant, j’oriente notre regard vers la Terre et la présence de Dieu en Jésus bébé, infiniment petit. C’est Lui qui transforme le monde. C’est Lui qui transforme le cœur de l’homme et l’oriente vers la Paix et la Joie. Depuis plus de 2000 ans… Et jusqu’à la fin des temps. Le Pape François écrit : « il n’y a pas de pandémie, il n’y a pas de crise qui puisse éteindre cette Lumière. Laissons-la entrer dans notre cœur, ainsi Dieu naîtra à nouveau en nous et au milieu de nous. »
Amen !
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