Homélie 3é dimanche de Carême – année B
7 mars 2021
Frères et Sœurs,
Ce matin, nous avons la joie d’accueillir à nouveau des enfants en âge scolaire qui se préparent au baptême et des adultes qui vivent les dernières étapes de préparation vers les trois sacrements d’initiation à Pâques. Pour faire ces démarches, personne ne les a forcés ! C’est librement qu’ils avancent vers le Christ, comme l’a montré leur parole au début de cette messe. Ou comme l’a exprimé une maman, c’est bien notre enfant qui a choisi, pas nous à sa place. Nous pourrions donc nous demander : qu’est-ce qui les pousse ? Pourquoi devient-on chrétien aujourd’hui dans notre société pluri-culturelle et multi-religieuse ?
Saint Paul avance une réponse, je crois, dans la lecture de ce dimanche. Devient-on chrétien pour les miracles ? Les signes ? Non. On risque d’être vite déçu. Le fait-on pour la sagesse de cet enseignement ? Non. D’autres ont aussi une sagesse aussi grande. Les grecs à l’époque… Mais aussi tant d’autres aujourd’hui, comme les sagesses orientales, très à la mode dans notre société occidentale. Dieu ne s’impose pas à nous uniquement en séduisant notre intelligence ou en accompagnant notre bien-être personnel ou social. Jésus tout au long de son ministère a essayé d’écarter ces fausses images de Dieu : guérisseur « magique », nouveau « maître du monde », etc…
Ce que nous proclamons, écrit saint Paul, est un messie crucifié. Par sa faiblesse, plus fort que les hommes. Par sa folie, plus sage que les hommes. Oui se tourner vers le Christ, c’est se libérer de tous les faux-dieu qui nous rendent esclaves. Jésus en dénonce deux dans l’évangile de ce dimanche : l’argent des vendeurs du temple, la toute-puissance de ceux qui croient le temple indestructible. Nous ne sommes pas à l’abri de ces démons. L’argent-roi qui devient le centre de notre attention parce que nous n’en avons jamais assez ou parce que nous n’en avons pas assez ! La toute-puissance qui nous fait penser que l’intelligence humaine, la technologie toute-puissante peut vaincre tous les fléaux de la terre. Malheureusement, la pandémie actuelle nous montre notre faiblesse.
Ce qui est fort, ce qui est sage, plus que tout : c’est le Christ. Et Lui seul. Ce que ne comprenne pas ses interlocuteurs. « Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. ». Détruit sur la Croix. Relever d’entre les morts trois jours après par sa Résurrection. Oui le Christ seul nous libère et nous donne cette vie plus forte que la mort. Un catéchumène qui s’est converti au christianisme a écrit qu’il choisissait le baptême car il avait trouvé la liberté. Mais ce n’est pas une liberté sans limite… Ce qui n’existe pas d’ailleurs.
Dieu nous donne une loi. C’était notre première lecture : le don de la loi à Moïse sur le mont Sinaï. Rencontrer le Christ change nos vies et nous oblige à vivre différemment. Avec cette loi qui nous permet de vivre une juste relation à Dieu, aux autres et à nous-même. Dans ma précédente paroisse, une catéchumène était venue voir le prêtre qui l’accompagnait quelques jours avant son baptême pour lui annoncer qu’elle allait changer de travail. En effet, elle s’était rendu compte que celui-ci, qui entrainait beaucoup de voyages à l’étranger et d’absences, n’était pas compatible avec sa foi nouvelle. La loi dit : « 6 jours, tu travailleras. Et le 7é jour, tu te reposeras pour te consacrer au Seigneur. » Elle n’arrivait pas à le faire. C’est le sens de la célébration des scrutins durant les trois derniers dimanches de carême. Avant le baptême, scruter sa vie et vérifier qu’elle est compatible avec la rencontre du Christ. C’est le sens aussi de ce temps de Carême pour nous tous. Prendre le temps de scruter notre vie pour nous libérer de tous nos petits mais bien réels esclavages quotidiens qui nous empêchent d’avancer librement vers Dieu.
Difficile de retenir toute cette loi ? Ce n’est pas nécessaire. Jésus la résume en deux phrases : Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute ses forces et Aimer son frère comme soi-même. Comme Lui nous a aimé. Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Le témoignage unique du Christ est sagesse d’amour de Dieu, folie d’amour pour les hommes. Jusqu’à quelle folie d’amour suis-je prêt à aller pour moi, pour les autres et pour Dieu ? « Je suis le Seigneur qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage » dit Dieu à Moïse. Aujourd’hui encore, Jésus le Christ nous entraine vers la liberté des enfants de Dieu. Il nous libère de nos esclavages et veut que nous avancions libres vers la Pâques, la libération des libérations.
Amen !
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