Homélie 3 octobre 2021- Pendant le Congrès Mission à Rennes.
Frères et Sœurs,
Je ne suis pas du genre bagarreur. Dans la cour de récré, je préférais discuter plutôt que de me battre. Et d’ailleurs, je m’appelle Olivier, signe de paix porté par la colombe.Malgré cela, ces derniers jours, j’ai eu l’impression de prendre plein de claques dans la gueule sans le chercher vraiment d’ailleurs, ce qui est d’autant plus désagréable.
D’abord, ce fameux sondage IFOP qui nous apprend que 51% des Français ne croient pas en Dieu. Moi qui n’ai jamais aimé les statistiques ne me voilà pas réconcilié avec elles… À la suite de cela, des articles nombreux dans la presse reprennent la rengaine mainte fois entendu du déclin inéluctable de l’Église en France : les églises qui se vident, des baptêmes de moins en moins nombreux… et ne parlons pas des vocations ou du nombre de prêtres… Bref « Si « le sens de Dieu » s’est perdu, c’est que la manière dont le clergé l’exprime est devenue finalement une langue morte pour beaucoup. » Bing ! Uppercut de l’éditorialiste du journal le plus lu avec le café du matin… Un commentateur disait ce WE : « le refroidissement des croyants semble être inversement proportionnel au réchauffement climatique de la planète ! »
Et ce n’est pas fini bien sûr. Dès mardi, la remise du Rapport de la Commission Sauvé aux évêques de France s’annonce avec des chiffres que l’on dit impressionnants de crimes odieux commis par des clercs depuis 70 ans. En lisant certaines analyses qui évoquent l’aspect systémique des choses ont pourrait penser qu’une fois encore : c’est inéluctable… et que dans l’Église actuelle, telle qu’elle est faite, beaucoup de prêtres, de religieux sont presque poussés à devenir des abuseurs…
Bref un coup à droite, un coup à gauche… Même si Jésus nous invite à tendre les deux joues à ceux qui nous calomnient, difficile de ne pas ressortir de cela un peu hagard… au moins. Voir complètement sonné !
Alors : qu’est-ce qu’on fait ? Allons-nous fermer la boutique, déposer le bilan trop lourd ? Passer dans le camp des « aquoibonistes » ? On fait tout ça, on dépense une énergie folle dans toutes nos activités pastorales, on colmate sans cesse les brèches pour éviter de sombrer… Mais « a quoi bon » ?
Et voilà que les lectures de ce dimanche qui nous emmène au commencement… dans le jardin de la Genèse… A la création de ce monde, de notre monde…
Frères et sœurs, je voudrais vous témoigner que depuis vendredi j’ai un peu l’impression non pas d’être à la fin de l’Église de Jésus Christ en France… mais à son commencement. Sans doute la fin d’un monde chrétien tel que nos parents, grands-parents l’ont connu… mais un malgré tout un matin d’évangile. C’est l’expérience que j’ai la chance de vivre avec les 2800 congressistes du Congrès Mission venus à Rennes de tout l’Ouest de la France. Bien sûr il y a les tables rondes, les ateliers, les veillées, les messes… Mais ce qui me marque surtout c’est autre chose, de plus discret. Par exemple, dans Rennes, sortir de ND en St Melaine et au milieu de la foule du samedi en centre-ville, discuter avec des inconnus d’il y a un quart d’heure de notre foi… de ce qui nous fait vivre, de l’essentiel. Parlez de Jésus dans la rue, même avec des amis : ça vous arrive souvent vous ? De ce Congrès, qui est un indéniable succès (c’est bizarre dans les journaux on nous dit qu’il n’y a plus de chrétiens… mais hier il a fallu faire deux messes au lieu d’une car la cathédrale n’était pas assez grande pour accueillir tout le monde !!!), de ce Congrès Mission donc, je retire une très grande espérance. Dans la diversité de ceux qui sont là, je vois une Église qui est en train de renaître… Pour vous, je relève quelques signes que je relève :
– une Église de laïcs, où chacun a sa place (prêtres, consacrées, laïcs,…) toute sa place mais rien que sa place. Où chacun prend et assume ses responsabilités dans la mission, où nous nous laissons bousculer par les jeunes…
– une Église joyeuse et ouverte, décomplexée, présente au monde et à ses questions comme l’islam ou l’écologie intégrale, qui nous permet de comprendre que tout est lié. Qu’on ne peut pas s’occuper bien de la nature, si on ne s’occupe pas des pauvres aussi.
– l’urgence de la mission : la Mission : ce n’est pas demain, ce n’est pas les autres. C’est aujourd’hui et avec moi.
– Une Église qui prends soin des familles, des couples.
– Une Église qui fait toute sa place à l’Esprit Saint qui agit avec force dans notre monde.
Vendredi soir, nous étions invités à méditer et à partager (lectio divina) sur la finale de l’évangile de Marc. J’ai été marqué par la toute fin, les 2 derniers versets…
19 Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. 20 Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
Le Seigneur monte au ciel… Mais il est là et travaille avec eux. Avec les trouillards des jours précédents qui partent ensuite annoncer l’Évangile !
Frères et Sœurs,
Jésus ressuscité est là. Il vient de se donner à nous dans sa Parole et va le faire dans un instant encore dans son Eucharistie. Rien ne pourra arrêter la marche de l’Évangile. Elle se fait à travers d’indéniables souffrances, difficultés, contrariétés… Mais vieille et toute ridée, que notre Église peut encore être belle, jeune, innovante, missionnaire. Vendredi nous avons fait mémoire de Sainte Thérèse de Lisieux, patronne des missions, et ouvert le mois missionnaire. Ste Thérèse : la grande missionnaire, qui n’a pas quitté son couvent de Lisieux, ni même son lit à la fin de sa vie !!! Sainte Thérèse : docteur de l’église… en écrivant des poèmes ou des lettres à ses amis… ou en passant le balai dans le cloître du couvent ! Oui, le monde ancien est en train de mourir… Mais déjà un monde nouveau apparait… dans les douleurs de l’enfantement. Le Royaume est à ceux qui ressemblent à un enfant nous dit Jésus,… Ayons l’enthousiasme, la confiance des enfants, de ceux qui commencent leurs vies… Jésus est là et ne déçoit pas !
Amen.
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