30 août 2021

Ils en ont parlé…

Ils en ont parlé…

Homélie 22e dimanche du temps ordinaire – Dimanche 29 aout 2021 – Bruz

Frères et Sœurs,

De vos cours d’histoire, vous vous souvenez peut-être d’avoir vu dans le manuel cette vignette reproduisant des caricatures parues dans le journal le Figaro en 1898. On voyait dans une première image, une famille bourgeoise en train de dîner paisiblement. Dans une seconde image, la même famille dans un désordre épouvantable : chaises renversées, nappe à terre, etc… avec le seul sous-titre : « ils en ont parlé ». De quoi s’agissait-il ? De l’affaire qui divisait la société française de l’époque : la condamnation du Capitaine Dreyfus. C’est cette image qui me revient avec la question du moment autour des vaccins et du passe sanitaire. Si vous lancez la discussion, vous vous trouvez immédiatement devant deux camps irréconciliables. Chacun campant sur ses positions, les affirmant à force d’arguments toujours plus sérieux et irréfutables. L’ayant encore vécu la semaine passée avec un visiteur lors d’un petit déjeuner, j’ai pris la décision de couper court dorénavant à toute discussion sur ce sujet. Parce que je suis et je veux rester le pasteur de tous. Mais aussi parce qu’il me semble que ce débat est un nuage de fumée qui peut nous faire oublier l’essentiel… et tant de sujets autrement plus graves et importants.

« Quelle est la grande nation juste ? Quel est ce peuple intelligent et sage ? » demande le Livre du Deutéronome dans la 1ère lecture. Est-ce que ce sont les pharisiens et les scribes qui se veulent de farouches gardiens de la Loi ? Qui scrutent et dénoncent les faux-pas de leurs co-religionnaires : « ils prennent leurs repas avec des mains impures » ! On a l’impression d’entendre un petit enfant qui dénonce son frère ou sa sœur : « Papa, Arthur a cassé l’aspirateur ». Et Papa de répondre : « d’abord ce n’est pas bien de dénoncer les autres ! ». Jésus fait de mêmes avec eux : il leur montre leur hypocrisie. Ailleurs, il les traite de « sépulcres blanchis ». Le Capitaine Hadock aurait traduit : « bande de bachi-bouzouks ! ». Ce qui n’est pas très gentil pour eux !

Alors nous n’avons pas envie de cela. Nous avons envie d’être ce peuple sage et intelligent que vante le Deutéronome. Comment ? Les lectures de ce jour nous donne un chemin simple en trois étapes : écoute, garde la Parole et mets la pratique.

Écoute… « Shma Israël » Écoute Israël commence la prière juive. « Écoute, ô mon fils, les préceptes du maître et prête l’oreille de ton cœur. » Ainsi commence la règle de Saint Benoit qui régit la vie monastique depuis des siècles. Dans ce monde de bruits incessants, il nous faut réapprendre à écouter. Ouvrir nos oreilles et donc notre cœur au doux murmure d’amour de Dieu. Il n’est pas dans l’ouragan, il n’est pas dans la tempête médiatique… Il est dans un souffle fragile. Peut-être avons-nous eu la joie de refaire cette expérience lors de nos vacances ? Un petit matin devant un beau paysage d’une calme campagne française ou d’un bord de mer. Je l’ai fait aussi au cœur de calanques de Marseille avec une cinquantaine de scouts de 14-17 ans en fermant les yeux et en devenant plus attentifs à tout ce qui nous entourait. « Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous » écrit joliment la lettre de Saint Jacques.

Accueillir et garder. Mon cher supérieur de Séminaire avait l’habitude de nous réconforter avant les examens en nous disant cette phrase : « vous en savez plus que vous ne l’imaginez ». Et c’est vrai que bien souvent, nous avons déjà en nous une bonne partie des ressources utiles pour notre vie spirituelle. En cherchant un peu, en faisant marcher notre mémoire, nous pouvons retrouver telle phrase de l’Évangile nourrissante. Puiser dans la Parole. Et si besoin ouvrir l’Écriture Sainte, la Bible, source inépuisable. Seul ou encore mieux avec d’autres. Cette année encore, nous relancerons les Fraternités de la Parole.

Enfin, tout cela ne doit pas rester lettre morte. Mais il faut le mettre en pratique. « Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. » prévient la lettre de Saint Jacques. Ce serait être comme les hypocrites de l’Évangile. Ceux qui connaissent la Loi, qui disent mais ne font pas. Préférons toujours les actes aux beaux discours. Quels actes ? Saint Jacques le précise. « Un comportement religieux pur (…) :  c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse. » S’occuper des plus pauvres donc. De ceux qui n’ont peut être même plus de voix pour appeler à l’aide. Ici autour de nous. En Haïti, au Liban, en Afghanistan pour ne prendre que des exemples de ces derniers mois. Chez les scouts, on appelle cela la B.A. , la bonne action quotidienne. Rendre service dans sa famille ou à un voisin, sourire à un passant. Rien d’extraordinaire en soi. Mais quand on s’appelle Jeanne Jugan et qu’on a le caractère fort d’une cancalaise, qu’on prend sur ses épaules une vielle femme malade dans la rue et qu’on lui donne son lit, cela peut fonder une congrégation religieuse qui quelques siècles plus tard fait le bien dans le monde entier.

Qui sera cette nation sainte qui se garde sans tâche au milieu du monde ? Nous serons, frères et sœurs, ce « peuple sage et intelligent » si nous savons écouter, garder et mettre en pratique la Parole de notre Seigneur Jésus Christ. Amen.

Père Olivier+

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