Homélie mercredi des Cendres 2023
Terre de Vie.
Quand j’étais enfant, on entendait souvent parler des sècheresses au Sahel. Dans ces immenses déserts du Sahel. Et les photos que l’on voyait montraient ces terres craquelées et complètement desséchées. Le Carême, c’est le rappel de ces 40 jours passés par Jésus au Désert.
Comme moi, dans l’actualité de ces jours, vous avez entendu ou lu que nous vivons aussi une sècheresse exceptionnelle ici en France depuis déjà plus de 31 jours ! Les terres sont sèches… Mais, miracle, aujourd’hui, mercredi des Cendres, 1er jour de Carême, il pleut un peu…
Car ce qui permet à la terre de revivre : c’est l’eau. C’est la pluie. “Ce qui embellit le désert c’est qu’il cache un puits quelque part…”écrivait Saint Exupéry dans le Petit Prince. Mais hormis en de très rares et encore très présomptueux essais, l’homme ne maitrise pas la pluie. On pourrait dire que seul Dieu en est le maître.
Ainsi, je trouve que cela peut être une belle image pour illustrer notre vie spirituelle en ce début de Carême. Le désert : c’est notre cœur, souvent bien sec. « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu » écrit le prophète Joël. Et l’eau : ce sont toutes les grâces que le Seigneur veut nous dispenser. Gratuitement. « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! » Isaïe 55, 1. Ce sont sa miséricorde, son pardon, sa tendresse, son amour, son salut. Tout ce qu’Il nous donne sans compter, sans rien nous demander. Parce qu’il nous aime. Tout ce qu’il va faire pleuvoir sur nous pour irriguer nos cœurs et qu’ils redeviennent une terre fertile où la vie pourra à nouveau triompher dans la nuit de Pâques.
Comment préparer la terre comme le fait tout bon cultivateur pour avoir une bonne récolte ? L’Église nous indique trois chemins bien connus, donnés par Jésus dans l’Évangile que vous venez d’entendre : la prière, l’aumône et le jeûne.
La Prière qui est de renouer le lien étroit avec Jésus dans le concret de nos vies. Lui redonner la priorité. Lui, Il se donne à tous et tout le temps. C’est nous qui nous fermons avec plein de bonnes raisons à Lui. Alors consacrons Lui chaque jour même quelques minutes. Mais des minutes exclusives.
Le jeûne est une manière de se priver de ce qui encombre nos vies et nous empêche de penser à Jésus. Ça peut être la nourriture bien sûr. Mais tant d’autres choses. Ces temps d’écran qui seraient tellement mieux consacrés à vos enfants, votre conjoint, vos amis, que sais-je…
Et le jeûne peut aussi nous aider à vivre le 3é axe qui est l’aumône, c’est-à-dire le partage. Reconnaissons que pour la plupart d’entre nous, comparés à tant de pays sur la planète, je pense particulièrement aujourd’hui à la Turquie, à la Syrie ou à Madagascar, victimes d’une nature destructrice et dévastatrice. Oui, d’une manière globale, nous sommes encore « riches ». Même si notre compte en banque n’est pas débordant ! Alors que pouvons-nous partager ? Et avec qui ?
Prière, Jeûne et partage, dans le secret, voilà trois manières d’amender le sol de notre cœur pour accueillir la grâce de Dieu. Peut-être pourrait-on y ajouter à la faveur des textes de ce jour, le pardon. « Nous vous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » lance Saint Paul aux Corinthiens. C’est peut-être le meilleur engrais que nous offre le Seigneur, l’eau qui purifie le cœur !
Frères et Sœurs,
Comment allons-nous irriguer notre désert, le désert de notre cœur au cours de ce Carême ? Allons-nous laisser l’eau de la grâce de Dieu ruisseler comme sur les plumes d’un canard ? Ou au contraire imprégner profondément nos terres arides pour qu’elles soient à nouveau porteuses de vie et que puisse éclater la Vie à Pâques ?
P. Olivier+
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